BPR96
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J'entends d'ici les réflexions et allusions des plus critiques à la lecture de ce titre tonitruant, pour ne pas dire excessif : "franchement le cri-cri il exagère, son en-tête tient de la galéjade, de l'outrance gasconnade, de la fanfaronnade marseillaise! ".
Tout d'abord précisons qu'il s'agit d'un récit ( épopée ou plutôt d'une odyssée fantastique ) sur la première participation de l'auteur à la course Bordeaux-Paris 1996. Apportons quelques précisions pour démontrer la justesse du propos évoqué au frontispice de cette page.
Historiquement il faut savoir ( je m'adresse spécialement aux ignorants des annales et archives cyclistes ) que la course Bordeaux-Paris fut belle et bien surnommée "la course qui tue". En effet dans les années 1931-1937, la distance séparant les deux villes fut parcourue par les participants en vélo derrière moto, et les moyennes réalisées flirtaient avec les 45/47 km/h, la moyenne record étant de 46,770km/h sur 578km en 1935 !!!
Pierre Chany, grand pape du journalisme de cyclisme brossa de manière hallucinante l'ambiance et l'atmosphère de ces courses dantesques qui ont construits la légende des géants de la route ( Cf son oeuvre monumentale sur l'histoire du cyclisme ).
Symptômatiquement le vainqueur de chaque année sombrait dans la médiocrité athlétique pour de longs mois et ne renouvelait pas sa performance l'année suivante. Les événements accréditèrent cette idée "de la course qui tue" et divers anecdotes ou défaillances mémorables vinrent marquer à jamais les esprits de l'époque. Le mythe était en marche et cette idée perdura très longtemps dans l'imagerie populaire.
Refermons cette page d'histoire poussiéreuse certes, mais ô combien fascinante! et revenons à la fabuleuse aventure que représente notre participation à cette course de légende.
Tout commence par une descente vers Bordeaux en TGV, progrès incontestable des transports en commun, bravo la SNCF, je ne dis pas cela pour flatter bon nombre de Vcmbistes travaillant dans cette ( noble ? ) institution, ni pour m'attirer l'estime ou les faveurs de certains d'entre eux ( hiérarchiquement haut placé dans le club notamment ), mais je reconnais à sa juste valeur cette merveille technologique.
Durant les 3 heures de trajet, il sera question de parties de tarot, de sieste, de somnolence, de conversations cyclopédalantes, entrecoupées de rafraîchissement au bar. Occupations sans grande surprise pour un trajet en train, pourtant j'avoue avoir été surpris de constater que 2 ou 3 membres de notre groupe se mettaient à "frétiller" plus que la décence ne le permet lorsqu'ils croisaient ou rencontraient des représentantes de la population féminine. Par solidarité je tairais volontairement les noms de ces incorrigibles juponniers.
Gare de Bordeaux, il pleut et notre euphorie si bien cultivée durant le trajet en prend un
sérieux coup, et nous faisons tous grise mine.
Notre périple en autobus commence, et pour rallier Cénon-Artigues et notre lieu d'hébergement il nous en coûtera 2 heures de trajet, après de multiples changements et d'errances, et pour couronner le tout nous terminons par une balade piétonnière, toujours sous une petite pluie fine, avec une ambiance indéfinissable proche de "singing in the rain" : certes il pleut mais cela ne nous affecte pas, car tous, nous sommes temporellement autre part, entre le départ de demain matin et cette fin humide d'après-midi.
Parvenus à la maison du progrès social vers 19 Heures, nous nous installons dans nos chambres ( plus proche d'une cellule monacale ou de cénobite que de la suite royale au Ritz ).
Puis c'est le dîner où nous retrouvons le reste des Vcmbistes qui s'aventurent sur ce BPR ( le lecteur saura à partir de maintenant que ces 3 lettres évoque Bordeaux-Paris et l'anecdote n'est pas innocente car il s'agit ni plus ni moins que des marquages apposés sur les routes par les organisateurs pour nous guider ).
Notre tablée est imposante, forte de 27 personnes, premier record battu. le repas est plus que copieux et fort savoureux, et bien arrosé au Bordeaux. Les conversations s'animent, les joues se colorent, les rires fusent, les langues se délient, l'ambiance est merveilleuse et les histoires de corps de garde défilent en chapelet, les quelques femmes présentent ne s'affectent pas le moins du monde du caractère osé de certaines de ces petites galéjades.Veillée d'armes chaude et chaleureuse qui nous fait oublier l'anxiété du départ pour certains, ou l'angoisse et la crainte de ne pas réussir pour d'autres.
22 Heures / 22 Heures 30 chacun regagne sa chambrée ( il y a même des couples comme sur la flèche de Charleville mais nous terrons la constitution de ces derniers ) et s'affaire aux derniers préparatifs : fixation de la plaque de cadre, remplissage des bidons et des sacoches. Avant chaque grande randonnée chacun répète les mêmes gestes, effectue les mêmes dispositions selon un rituel immuable, et j'ai également pris conscience que je pratiquais cette liturgie des attitudes et des gestes, ce cérémonial de la conduite et des mouvements, mimiques respectées scrupuleusement par superstition ou par fétichisme.
Extinction des feux vers 23 Heures, dehors il pleut toujours abondamment, et s'endormir est difficile. Le réveil samedi matin se fait à 2 Heures, la nuit a été vraiment très courte. Il pleut encore et le moral en prend un rude coup!
Les tenues longues et les protections pluie s'imposent. Les yeux rouges et encore pleins de sommeil nous prenons un café brûlant dans la chambre de Michel et de Catherine. Voici 3 Heures et c'est le départ vers le parc Palmer. La grande aventure commence sous une pluie guère encourageante, même les plus gaillards prophétisent : "si cela dure plus de 100km je mets la flèche", et moi donc!
Parc Palmer, nous y sommes, nous effectuons le premier contrôle puis nous nous dirigeons vers le parc fermé après un examen (approximatif ) de l'éclairage. Il nous reste 30 minutes à attendre. Miracle! la pluie vient de cesser, la température est heureusement clémente. La tension nerveuse est à son comble, et chacun ne doit souhaiter qu'une seule chose que ce satané départ soit donner et d'entrer ( enfin! ) dans le vif du sujet.
A partir de cet instant, je n'évoquerais plus les sempiternelles anecdotes, péripéties habituelles, avatars et autres incidents et événements survenus ou rencontrés, axés soit sur les difficultés du parcours ou sur les aléas de la forme de chacun, ou encore sur les paysages traversés, ou les bons moments et les instants difficiles et douloureux.
Je préfère développer les sentiments, sensations et impressions ressentis durant cette longue remontée vers Paris. J'écris ces pages avec suffisamment de recul, afin que l'essentiel s'impose à mon esprit, pour que les événements futiles et inconsistants s'estompent et s'effacent de ma mémoire, pour se concentrer sur les épisodes qui persistent et qui vaillent la peine d'être narrés. Pourquoi?
Parce que les sensations émotionnelles éprouvées ont été d'une telle force, d'une violence insoupçonnable, qu'elles méritent d'être décrites et narrées. Commençons donc ce voyage au pays de l'émoi, du frisson, de l'enthousiasme et du saisissement.
Emerveillement de découvrir la diversité des montures, il y a de tout : du fringant et moderne vélo étincelant et brillant de mille feux, aux vieilles carnes usagées et rafistolées, du cadre élégant et racé au grossier engin de tâcheron, diversité des formes : classique, avec l'appui coude des triathlètes, allongée, carénée, aux roues standards ou profilées, ou à petites roues ( diamètre de 300mm, celui des vélos pliants incroyable ), et il y a bien entendu des tandems.
Déception, je n'ai pas vu de baignoire sur roues, ni de fer à repasser sur roulettes.
Etonnement de découvrir la tenue de tous ces routiers piaffant d'impatience dans le parc fermé du départ. Du jeune au look ravageur, le teint halé, boucle d'oreille, lunette dernier cri sur le nez, jambes minutieusement rasées ; au plus vieux aux tempes grisonnantes, maillot élimé aux couleurs passées, et aux mollets poilus; tous attendent avec impatience le Grand Moment.
Insolite curiosité que de découvrir tout ce petit monde, si différent, groupé et parqué ensemble pour se lancer dans la même entreprise, et tourné vers le même but : arriver.
Admiration pour ces "vieux Messieurs" qui se présentent sur la ligne de départ : ils nous donnent une merveilleuse leçon de courage, de volonté et de pugnacité, et tous forcent le respect.
Fierté d'appartenir à cette cohorte de 650 valeureux ( c'est le nombre effectif de partants au départ ce matin là ).
Comment ? moi le petit cri-cri , avec mes modestes moyens physiques je m'aligne au départ de cette course jugée si exigeante et à la si mauvaise réputation, côtoyant de "vrais coureurs", certains membres de mon entourage familial s'inquiètent même de l'état dans lequel je vais arriver ( si jamais j'arrive! rassurant n'est-ce-pas!). Vous comprendrez que je sois en mesure de m'interroger sur mes chances de terminer ce périple. Pourtant au fond de moi je suis confiant, ma préparation a été progressive et adaptée, je me suis bien reposé ( j'avoue avoir accumulé énormément de sommeil les deux semaines ayant précédées le départ ), et mentalement je me sens solide.
Soulagement lorsque, enfin, le départ libérateur est donné.
Frisson quand nous nous élançons tous, escortés par une cohorte de motos et de voitures gyrophares et clignotants en marche. Installés au milieu de ce monstrueux paquet, nous progressons à bonne allure, avec une insolente facilité, pour un peu nous nous prendrions pour des coureurs professionnels, cela a du flatté l'ego de certains.
Euphorie de constater que le départ est aussi enivrant, que les kilomètres défilent aussi rapidement, si chaudement planqués au coeur d'un paquet dont la progression nous convient.Allégresse générale de tous les membres du groupe auquel j'appartiens, faisons la présentation de mes compagnons de misère et d'infortune (il s'agit plutôt en ces instants du départ de compagnons de bonne humeur et de gaieté ) : il y a Michel "la locomotive de Montigny", Bertrand "ma Poule", Gunther "l'Autrichien", Gégé "2"dit le basque ( à cause du Berrée bien entendu ), les "siamois" de la rue Louis de Funés Gilles et Régis, notre inimitable Fifi, Jean-Marie "l'Irlandais du Manet", et votre humble serviteur.
L'enthousiasme est à son comble, tout le monde est rayonnant, sourire aux lèvres, gaieté au coeur, c'est la liesse, le ravissement total.
Emerveillement pour les yeux de contempler et d'admirer le long serpent lumineux qui ondule, se déroule et se meut devant nous à perte de vue , myriade de points rouges soulignés de clignotements bleus, blancs, oranges, et rouges : lumières dans le clair-obscur du petit matin.
L'extase du départ passée il faut redescendre de nôtre nuage, et lorsque la tension nerveuse retombe, nous retrouvons nos automatismes, nos habitudes comportementales, nos petites manies de vieux cyclotouristes, bref le train-train habituel, si ce n'est que nous avons à faire plus de 600 kilomètres. Il faut maintenant se concentrer sur l'essentiel : pédaler, relayer, relancer, grimper, descendre, encore et encore pédaler, se ravitailler, s'appliquer à garder sa ligne, tout ce qui fait le charme de ce sport si attachant, raison pour laquelle nous le pratiquons.
Aux rires matinaux et à la joie du départ, succèdent les premiers silences; puis les paroles échangées et les conversations se raréfient.Les kilomètres succédant aux kilomètres, et les heures de selle se multipliant, les premiers effets de cette débauche énergétique, de ces continuels efforts et de cette frénésie de pédalage commencent à se faire sentir : les visages se ferment, les lèvres restent immobiles, chacun se recroqueville sur lui-même, l'intellect se détache de ce qui n'est pas essentiel, et seules les métabolismes assurant l'avancement sont entretenus, ainsi que le traitement de tous les signaux d'alarmes ou de souffrance émis par le corps : comme les petites douleurs, les inconforts posturaux et autres tracas physiques.
Etonnement et curiosité de voir ces transformations se dérouler sous nos yeux. Selon le moment, à tour de rôle plusieurs d'entre nous ( peut être même tous, mais il y a des faiblesses inavouables pour certains ), nous passerons chacun par une multitude d'états d'âme, allant de l'euphorie à la détresse, en passant par la peur d'échouer ou le soulagement de ressentir l'amélioration d'une forme momentanément déclinante, ou la reconnaissance vis à vis de celui qui généreux vous assiste, vous encourage, vous protège du vent ou vous offre l'abri, pour ne pas parler d'inclinations inavouables mais fugaces comme l'animosité la rancoeur ou l'exécration.
Respect à l'égard de tous ces bénévoles de l'organisation qui ne rechignent à aucune tâches, toujours disponibles et près à nous rendre service, constamment attentionnés.Réconfort et sérénité de pouvoir compter sur l'esprit animant le groupe : aider celui qui en a besoin, réconforter le copain qui a du vague à l'âme, participer à la progression, offrir l'abri, assurer sa part de travail.
Reconnaissance, remerciement et gratitude pour nos accompagnateurs qui en toutes circonstances nous ont été dévoués, nous nimbant de gentillesse, devançant nos moindres souhaits, nous maternant avec tendresse, même quand ils étaient plus fatigués que nous. Une anecdote significative, lors de nôtre halte à Bracieux pour somnoler une petite heure, allongé sur le sol et enroulé dans ma petite couverture, une âme attentionnée est venue m'envelopper d'une couverture supplémentaire pour me protéger de la fraîcheur nocturne ( encore merci à cette bienveillante et généreuse protectrice, qui à cette lecture se reconnaîtra ).
Equipés pour la nuit.Magie de la nuit, extraordinaire impression de sérénité du corps et de l'esprit, voûte céleste noire, absence de vent, solitude de nôtre groupe : absence de stimulation des sens, et un silence total si reposant, seulement interrompu par le faible cliquetis des roues libres et le sifflement continu de nos pneus sur le bitume.
Admiration, envie, jalousie, haine, lorsque les premières fusées humaines nous doublent en injection, au petit matin du dimanche, en nous décoiffant sans coup faillir. Pensez que ces coureurs sont partis la veille à 16 heures, soit 10 heures après nous!! Sont ils de chair et de sang ces coursiers capables d'accomplir de pareilles performances?
Stupéfaction quand dans la nuit profonde nôtre groupe récupère un cyclo égaré, à l'équipement sommaire : pas de lumière avant, un feu de signalisation bien faible, pas de jambières et de coupe-vent. Aussitôt ce solitaire du bitume s'accroche à notre paquet, comme un naufragé à une bouée providentielle. Nous fûmes sa planche de salut, et au petit matin il eût la correction et lucidité de nous en remercier.
Tristesse de l'abandon de nôtre Fifi en pleine nuit, en forêt de Sologne . Malgré nos encouragements et nos exhortations rien ni fît, Fifi était au bout du rouleau. Respectons son choix, lui seul était en mesure de juger s'il avait atteint ses limites, autrement dit la frontière entre ce que l'on a fait et ce que le courage ou toutes autres vertus ne nous permet plus de faire.
Culpabilisation vis à vis de ce renoncement, ne sommes nous pas tous, les membres du groupe, un peu responsable de cet abandon? Avons nous été suffisamment solidaire? Si nous l'avions encouragé, entouré, réconforté à temps est ce que son abandon n'aura pas pu être évité? Autant de questions qui personnellement sont restées sans réponses.
Médusé de voir la pratique des accrocs de la pharmacopée, pilule pour ceci, cachet pour cela, sans oublier les potions préparations sérums décoctions drogues élixirs émulsions extraits électuaires thériaques et autres fumigations opiats orviétans panacées tisanes. Heureusement Ils sont tous raisonnables, et ne pratiquent aucunement la transfusion, les piqûres et perfusions. Qu'est ce que vous croyez, ils sont sages et pondérés dans leur ravitaillement, et ces suppléments médicamenteux sont dosés savamment et avec la plus extrême rigueur en parfaite connaissance de leurs besoins et de leur tolérance à ingurgiter pareille denrée.
Ebahi de découvrir le gang des pommadeux, adeptes forcenés des baumes emplâtres frictions cataplasmes topiques et onguents. Il fallait les voir oeuvrer, enduisant ici, étalant là, oignant par-ci et frottant par-là, appliquant avec délicatesse ces pommades miraculeuses, grands barbouilleurs du genou , de la fesse et de l'entrejambe.
Chaleureuses retrouvailles à Orléans avec d'autres forcenés du VCMB, au petit matin du dimanche, devant un petit déjeuner apprécié comme jamais! Revigorés, ragaillardis, retapés, requinqués, avec un moral indestructible nous repartons pour la dernière centaine de kilomètres.
Supplice dans la Beauce, le vent est contraire, bien que Daniel ( l'irlandais en chef ) vient de nous rejoindre, nôtre progression est difficile, et de plus certains donnent de la bande, signe évident de lassitude, pour ne pas dire de fatigue. Nous ne sommes plus que 5 ou 6 à travailler. Quand l'opportunité s'offre de nous intégrer dans un peloton important qui nous dépasse, aux avantages conséquents et incontestables, nous restons par solidarité avec nos souffreteux, et regardons passer ces beaux wagons avec un peu de regret tout de même.
Impatience des derniers kilomètres qui me paraissent interminables, sur des routes connues et tant et tant sillonnées.
Frissons lorsque nous arrivons à proximité de l'arrivée, et quand nous effectuons le tour de piste obligatoire tous ensemble, sous les applaudissements des spectateurs, une vague d'allégresse et de bonheur me submerge, m'engloutit, sollicite mes glandes lacrymales et me donne la chair de poule à la puissance 20!! un orgasme en liberté comme le décrivait Just Fontaine, grand buteur de football après un but marqué. J'ose à peine imaginer ce que doivent ressentir les sportifs professionnels lorsque ils sont dans un stade rempli de dizaines de milliers de spectateurs, ou qu'ils grimpent un col de haute montagne entre deux haies vivantes, hurlant des encouragements et vociférant leurs noms. Quelle décharge hormonale!
Soulagement, apaisement intérieur, disparition de cette imperceptible pression qui vous oppresse, sont les premiers sentiments que j'éprouve. Ouf bien content d'avoir fini, et d'être arrivé.
Retour à la vie quotidienne, avec une perception normale de nôtre organisme, car durant le parcours les sensations physiques existent mais sont moins préoccupantes, lointaines, anesthésiées car la priorité est le pédalage.
Pour ma part je découvre quelques petits bobos : une légère ecchymose au niveau de l'ischion, une insensibilisation de l'intérieur des pouces, des paumes des mains, et ce qui est plus fâcheux, un engourdissement du pénis. Heureusement pour moi, ce dernier trauma disparaîtra 48 heures après l'arrivée. Ne riez pas, car après avoir entrepris une petite enquête parmi les Vcmbistes au long cours, ce dysfonctionnement à également affectés d'autres cyclos au maillot vert, noir et blanc, mais qui par pudeur, ou par fierté machiste n'ont point révélés ce mal vexatoire.
Précision médicale, l'origine de cet engourdissement s'explique par le pincement d'un nerf appelé "nerf du honteux " ( merci à Ch...De.... pour les détails médicaux que lui a communiqué son médecin personnel ). Les autres plaies seront plus longues à s'estomper.
Puis plus tard, voici le moment de faire l'analyse et le bilan de ces deux journées inoubliables. Pour moi ce BPR fût une expérience enrichissante, qui permet de vérifier la limite de son propre courage et de sa volonté. Maintenant j'en suis persuadé, sur ce genre d'épreuve, la volonté est essentiel, et la force de caractère est une qualité plus importante que les aptitudes physiques.
BPR est une épreuve hors du commun révélatrice du véritable caractère de chacun, en effet durant ces 2 jours les masquent tombent, les défauts sont amplifiés, les différents sont exacerbés, et chacun apparaît tel qui est, sans fard, dépouillé, face à lui même et aux autres.
A l'issue de cette première expérience, il faut reconnaître que le peu de conseils, recommandations, avertissements donnés par les chevronnés ont portés sur des points à ne pas négliger certes, comme l'alimentation, l'habillement, le tableau de marche; mais qui ne sont pas primordiaux. Ce qui est essentiel nous avons dû l'apprendre au travers de ce périple à savoir :
- rouler en groupe de force équivalente à la vôtre, pour s'économiser en soutenant une bonne moyenne, et le plus longtemps possible,
- imposer une discipline stricte lors des arrêts, pour minimiser le temps total de ces derniers.
Je pense que toute l'expérience acquise par bon nombre d'anciens expérimentés sur les longues distances n'est pas mise au service des néophytes. Peut être devrions nous réfléchir aux moyens à mettre en place pour améliorer ce transfert de connaissance.
Maintenant que j'ai vu "la course qui tue ", et après en être sorti vivant, je pense pouvoir dire que cette épreuve est à la portée de tout cyclotouriste qui décide d'en prendre le départ, aux conditions suivantes :
- préparation adaptée et progressive,
- prendre le départ bien reposé,
- appliquer les consignes essentielles évoquées plus haut.En guise de conclusion j'encourage celui qui ne connaît pas cette randonnée à en prendre le départ, car si la somme d'efforts, la débauche d'énergie et de souffrance peut être décourageante, l'extrême l'intensité des émotions éprouvées doit être vécue, et constitue en elle-même une récompense incomparable et impérissable.
CRI-CRI : Le Rapportageur